Parcourez l’histoire de l’Esvière
en 6 grandes étapes
- De l’antiquité au IXe siècle : la naissance du site
- Xie au XIIIe siècle : d’une renaissance à une nouvelle destruction
- XVe au XVIe siècle : la Reine et le culte de Notre-Dame sous Terre
- XVIIe à la Révolution : un prieuré renaît jusqu’à la dispersion du domaine
- XIXe et XXe siècle : congrégation franciscaine, bombardements et nouvelle renaissance
- XXIe siècle : la rencontre de deux communautés, jusqu’à la transmission

De l’antiquité au IXème siècle :
la naissance du site
L’Esvière, éperon rocheux à pic sur un bras de la maine, jadis comblé, portait – aux temps antiques – un village de pêcheurs et, dit la tradition, un temple païen. C’est tout près de la cité des Andégaves, en dehors de l’enceinte.
Au IIème siècle, les Gallo-Romains l’appellent AQUARIA d’où AIGUIERE, ESVIERES à cause des thermes, probablement situées sur le promontoire, face à la Maine.
Au Vème siècle, les disciples de Saint-Martin élèvent un petit monastère dédié au Saint-Sauveur.
Au IXème siècle, les Normands remontent Maine et Loire, attaquent la cité et détruisent le monastère.
Xième au XIIIème siècle :
d’une renaissance à une nouvelle destruction
1056 – Le Comte d’Anjou, Geoffroy Martel, décide de construire sur le coteau, un monastère de rang égal à celui qu’il vient d’achever : l’Abbaye de Vendôme. Les moines venus de Vendôme apportent avec eux une statuette d’albâtre de la Vierge tenant l’enfant Jésus. Ils la placent dans une crypte sous l’abside, où elle sera vénérée.
1132 – Un terrible incendie ravage le sud de la ville et détruit l’abbaye. L’Abbé Geoffroy de Vendôme accourt ; mais la mort l’emporte durant son voyage. Ses successeurs reconstruisent mais réduisent l’ambition du site : il ne s’agira plus que d’un simple prieuré.
1205 – Jean sans Terre vient assiéger le château, rase tout le coteau et prend la ville. Pendant deux siècles, le prieuré est une ruine abandonnée sous les broussailles. La statue est ensevelie.


XVème au XVIème siècle :
la Reine et le culte de Notre-Dame sous Terre
1401 – La Reine Yolande d’Aragon, femme du Comte d’Anjou Louis II et mère du Roi René, vient flâner avec ses gens et ses chiens sur « le joli coteau de l’Esvieres ». Un lapin se réfugie sous terre et ne veut pas partir. La Reine étonnée fait fouiller le terrier et l’on trouve sous un débris de voûte : « une petite statue de la Vierge avec une lampe aux pieds ».
Un oratoire est construit aussitôt sur le lieu ; il devient rapidement trop petit. On y prie avec plus d’ardeur encore au cours de l’épopée de Jeanne d’Arc, d’autant que Yolande croit en la victoire de la Pucelle d’Orléans et la défend auprès du Roi. La Reine use de son influence pour la restauration du prieuré et commande la chapelle Notre Dame sous Terre à un moine architecte de Vendôme.
1429 – La dévote chapelle de sous-terre, fut vraisemblablement édifiée sur les assises de l’énorme abside abandonnée après l’incendie. En forme de croix grecque, l’entrée était à demi-enterrée et on y descendait par un escalier de 5 à 6 marches. « Tous les connaisseurs admirent ses proportions, la beauté de ses fenestrages, l’élégance de ses pignons à fleurons. En un mot : toute la délicate ornementation du XVème siècle».
Au XVIème siècle, sans doute, quand l’Anjou fut rattaché au Domaine Royal sous Louis XI, les armoiries de Lesvieres deviennent « de gueules, au chef d’Azur, orné de 3 fleurs de lys d’or, une aiguière d’argent brochant le tout ».
1562 – Le culte de Notre-Dame sous Terre, longtemps très populaire, s’affaiblit avec les guerres de religion.
XVIIème à la Révolution :
un prieuré renaît jusqu’à la dispersion du domaine
L’ordre bénédictin entre dans la voie de la réforme. Le 31 octobre 1631, les religieux de la Congrégation de Saint Maur viennent à Lesvieres, envoyés par le Prieur de Vendôme. Ils agrandissent et ornent la Chapelle de la Vierge. La ferveur populaire croit de nouveau.
1651 – Guerre des Frondes : le Prieuré est pillé et les moines vivent de plus en plus difficilement. Les Prieurs Commendataires refusent les réparations les plus urgentes. Commence alors un délabrement.
1789 – La tourmente ! A la révolution, 5 religieux habitent le Prieuré. En août 1790, ils doivent en sortir par la force. Dom François Chabanel est guillotiné le 10 juillet 1794, Place du Ralliement.
Le domaine est dispersé, tous les bâtiments sont vendus par lots comme «biens nationaux». La statue a été mise en lieu sûr dans la petite chapelle Saint Eutrope, ancienne dépendance du Prieuré où les fidèles continuent de venir la vénérer.


XIXème et XXème siècle :
congrégation franciscaine, bombardements et nouvelle renaissance
1826 – La chapelle menace de s’effondrer. Après le concordat, l’église Saint Laud, devenue l’unique lieu de culte du quartier héberge Notre Dame Sous Terre. Le 3 janvier 1849, elle disparaît ! Le voleur, trompé par la dorure, jette la niche et la statue dans la Maine. Au lavoir, des femmes repèrent la statue et la recueillent avec joie ! Elle est redorée et placée dans l’Eglise Saint-Laud.
1871 – L’Evêque d’Angers, Monseigneur Freppel, décide de redonner vie à l’Esvière, avec l’aide de Madame de la Grandière, bienfaitrice des Fondateurs d’une congrégation naissante : les Franciscaines de Sainte Marie des Angers. La congrégation est chargée de rétablir le culte de Notre-Dame sous Terre ; la statue de la vierge est replacée dans le sanctuaire le 12 août 1873 au cours d’une imposante cérémonie.
1914 – Durant la première guerre mondiale, une ambulance est installée à l’Esvière. L’autel de la Vierge est orné de médailles militaires.
1944 – Dans la nuit du 28 au 29 mai, le quartier est écrasé sous les bombes. La chapelle est soufflée, seuls restent en place la statue et son autel ! 6 religieuses et 3 laïques sont tuées, 19 sont blessées. La statue émigre à Andard (49) et reviendra lors d’une procession triomphale dans la ville d’Angers, le 12 août 1948 dans sa chapelle reconstruite à l’identique (à l’exception des vitraux).
Le site est reconstruit et développé par les sœurs franciscaines de l’Esvière autour de leur vocation de transmission et de solidarité. Une école primaire sera construite et accueillera les enfants du quartier jusqu’au début des années 2000.
XXIème siècle :
la rencontre de deux communautés, jusqu’à la transmission
En 2005, Fondacio s’installe sur le site de l’Esvière en tant que locataire de bureaux.
En 2011, les sœurs proposent à Fondacio de reprendre les locaux de leur école maternelle qu’elles viennent de fermer (locaux plus que convoités par d’autres…). Cette proposition arrive au moment où Fondacio désire développer son institut : passer de trente étudiants en moyenne à une centaine. Un projet de transformation et de rénovation de l’école maternelle est alors engagé.
De la rencontre entre les sœurs et Fondacio est née une amitié qui ouvrira un nouvel avenir pour le site : qu’il puisse demeurer un lieu de transmission et d’action en résonnance avec les défis du monde actuel (éducation, écologie, solidarité…).
En 2015, la congrégation propose à Fondacio de reprendre le site pour y poursuivre des projets porteurs d’espérance. Après discernement, l’alliance et la cession sont officialisé le 3 octobre 2019.
Le 27 janvier 2023, la première pierre du futur tiers-lieu pour acteurs de changement est posée.

Crédits illustrations et photos : AFSE – Fondacio / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, N-2 (ANJOU, Geoffroy Martel) / Talbot Master (fl. in Rouen, c. 1430–60) – British Library, Royal 15 E VI, f. 2v / Prieuré S. Salvatoris de Aquaria Monasticon Gallicanum – Michel Germain – Bibliothèque Nationale de France – XIIème siècle / congrégation sœurs franciscaines de l’Esvière / Fondacio – AFSE